Le Nanowrimo va commencer le 1er novembre. Pendant un mois, des milliers d’auteurs dans le
monde vont se lancer dans ce défi consistant à rédiger 50 000 mots en 1 mois. Cette année, en tant
que parrain du studio d’écriture Scribbook, je vous accompagne le temps de quelques articles pour
vous aider à alimenter vos idées et canaliser votre créativité.
Le principal défi du Nanowrimo est un défi de productivité : il va vous falloir écrire beaucoup en peu
de temps. Cela passe bien sûr par de l’organisation pour se libérer du temps derrière le clavier, mais
surtout par trouver quoi écrire et alimenter votre envie de le faire. Ce sont sur ces blocages-là que
ces articles vont se concentrer. Écrire une histoire de bout en bout est un exercice compliqué, et
chaque sous-partie d’un récit présente son propre challenge. Le début d’une histoire a un rôle
majeur : pour le lecteur, il doit présenter le récit à venir et l’accrocher ; pour vous l’auteur, il doit
attiser votre envie de voir ce projet se concrétiser et vous fournir les bonnes bases pour tenir tout le
Nano sans bloquer.
Bien démarrer ? À quoi réfléchir.
À la veille de ce début de Nano, il me semble utile pour les auteurs de se poser la question des
« ingrédients » qu’ils souhaitent mettre dans leurs récits. C’est un peu comme en cuisine : avant
d’allumer les feux, on rassemble ses ingrédients.
Quels sont les premiers éléments qu’un lecteur capture à la lecture des premiers chapitres ? Eh bien,
surtout des éléments non narratifs, et ils sont très importants, car ils vont déjà faire certaines
« promesses » (nous y reviendrons). Je pense que, tout à leurs histoires, les auteurs n’y pensent pas
assez en amont :
Le genre – Les premiers chapitres donnent au lecteur une idée du genre du livre (réaliste ou
imaginaire, littérature blanche ou de genre, science-fiction fantastique ou fantasy ?) et il est
important de vous plonger dedans dès le début. Par exemple, si vous écrivez de la SF centrée sur du
voyage dans le temps, mieux vaut tout de suite inclure ces éléments dès les premières scènes. Donc,
qu’est-ce que vous écrivez, comme histoire ? Comment le montrer, là, tout de suite ? Dès les
premiers jours, jetez sur la page ce qui vous motive vraiment.
Le ton – Est-ce une histoire sérieuse, trash, humoristique, poétique, violente ? Les premiers chapitres
devraient être représentatifs et permettre de donner au lecteur une idée de ce qu’il s’apprête à lire…
et à vous, ces chapitres devraient donner l’envie de continuer à écrire. Comment vous l’imaginez,
votre texte ? Comment vous allez vous y prendre pour développer ce ton ?
La narration – Dès les premiers paragraphes, le lecteur va identifier (inconsciemment) la narration
que vous utilisez (1ère personne ou 3ème, narrateur omniscient ou focalisé, au passé ou au présent,
etc.) En cas de narration particulière ou inhabituelle (par exemple un récit épistolaire), il est encore
plus important qu’elle soit limpide pour le lecteur tout de suite, au risque de le perdre plus tard. Le
choix de la narration est un sujet absolument crucial, car chaque narration vous permet des choses
différentes, et il est difficile d’en changer une fois le texte avancé. Vraiment, réfléchissez-y : elles ont
toutes des avantages et inconvénients différents. Certains articles peuvent vous aider dans ce choix :
Plus tôt vous serez au clair avec ça, mieux ce sera, et je vous conseille donc d’en faire vos priorités
d’auteurs lors de vos premiers jours de Nano. Faites un choix de narration judicieux en fonction de
votre projet, cernez le genre d’histoire que vous voulez écrire, trouvez un ton. Cela vous ouvrira la
voie toute grande pour votre histoire.
De quoi avez-vous besoin pour bien vous lancer dans votre histoire ? Je vous propose de vous
reposer sur la définition de Lionel Davoust : « une histoire, c’est un personnage intéressant qui
souhaite quelque chose d’important, et c’est compliqué ».
Le personnage – Le protagoniste est un peu le moyen de transport du lecteur dans l’histoire, et le
vôtre dans l’écriture. Comme quand on rencontre une personne dans la vraie vie, le personnage n’a
qu’une seule occasion de vous faire une première bonne impression. Vous n’avez pas besoin de
connaître tout son passé tout de suite. Voyez ça comme un « premier rendez-vous » : votre but est
de vous donner envie d’un deuxième (c’est-à-dire envie de continuer à passer du temps avec lui tout
au long du mois de novembre). Comme dans la vraie vie : demandez-vous ce qui donnerait envie à un
inconnu de passer plus de temps avec ce protagoniste.
Ses objectifs, désirs et besoins – Les motivations du personnage sont le moteur de l’histoire, et tant
que vous saurez ce que le personnage veut, vous avez peu de chances de bloquer dans votre écriture.
Les motivations du personnage font pour beaucoup dans le fait qu’on s’y attache ou pas (je parle du
lecteur, mais aussi de vous, l’auteur). Elles peuvent être plus ou moins conscientes : de quoi a-t-il
envie (désir) ? Qu’est-ce qui le chamboule à l’intérieur (besoin) ?
Difficultés, obstacles et enjeux – Mais si rien n’empêche le personnage d’avoir ce qu’il veut, qu’est-ce
que vous allez bien pouvoir écrire ces prochaines semaines ? Alors, réfléchissez : est-ce que
quelqu’un s’oppose à lui ? Ou un contexte lui est-il défavorable ? Pourquoi est-ce si important pour le
personnage d’obtenir ce qu’il veut ? Pourquoi c’est dramatique s’il ne l’obtient pas ? Quelles sont ses
perspectives et ses options pour arriver à ses fins ? Parce que s’il n’a aucune chance ni aucun espoir
d’atteindre ses objectifs, vous allez vite être bloqué.
Plus vous mettrez ces éléments en place tôt dans le récit, mieux ce sera, et je vous conseille là aussi
d’en faire vos priorités d’auteurs lors de vos premiers jours de Nano. Juste avec les premiers
chapitres, vous devriez être capable d’exposer les grands traits de votre personnage, ce qu’il cherche
à obtenir, à quelles difficultés il se heurte… et ce qu’il compte faire face à ça. Cela vous permettra
ensuite de développer (mais on reparlera de ça dans un deuxième article).
Des promesses, toujours des promesses
L’auteur américain Brandon Sanderson l’explique bien dans ses cours d’écriture : le début d’une
histoire fait des promesses au lecteur. Faire des promesses, c’est créer des attentes et capter
l’attention. Satisfaire ces promesses, c’est aussi ce qui va provoquer de la satisfaction.
Or, je crois que ça fonctionne de même pour l’auteur lui-même : avec vos premiers jours de Nano,
vous vous faites à vous-même des promesses sur votre histoire. Se lancer dans un challenge tel que le Nano est déjà un engagement en soi ; mais les éléments listés dans cet article – narratifs et non narratifs – sont aussi des promesses qui vont vous donner à vous des perspectives pour la suite. Ces
promesses, ce sont des attentes, et donc des envies. L’envie d’écrire, c’est votre principale arme pour
vaincre ce challenge !
Alors pour votre première semaine, donnez-vous surtout comme objectif… de vous donner envie
d’aller plus loin ! Donnez-vous envie de représenter votre genre, de développer un ton et de tenir
votre narration ! Donnez-vous envie de découvrir votre personnage, de le voir lutter, d’attiser votre
curiosité de savoir ce qu’il va advenir !
On se revoit bientôt ? D’ici là, bonne écriture !
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